Mes: abril 1706

  • Felipe V llega por sorpresa y pone sitio a Barcelona y Montjuic

    Le roi d’Espagne étoit parti à la fin de février dans le dessein de réduire le royaume de Valence ; mais sur les ordres du roi, pour ne différer pas le siège de Barcelone, il changea sa marche et arriva le 3 devant Barcelone, où il trouva Legal arrivé de la veille avec toutes les troupes françaises, et tous nos bâtiments qui débarquoient tout ce qu’il falloit pour le siège ; d’autres bâtiments portèrent toute la garnison de Girone dans Barcelone avec toutes sortes de rafraîchissements, où plus de dix mille hommes animés de la présence de l’archiduc prirent les armes et se joignirent à la garnison. La tranchée fut ouverte la nuit du 5 au 6, par le marquis d’Ayetone, mais le canon ne tira que le 12, encore fort faiblement. Le duc de Noailles, qui devoit y servir de maréchal de camp, tomba malade de la petite vérole qui fut très heureuse, et qui acheva de le guérir de tous ses maux. Laparat, ingénieur principal, et le chef des autres depuis l’élévation de Vauban au bâton, étoit chargé de ce siège, et y fut tué le 15 avril en allant reconnoître des ouvrages qu’il vouloit faire attaquer.

    On prétendit qu’on fit une grande faute d’avoir attaqué par le mont Joui ; que cette fortification séparée de celle de la ville seroit tombée avec la ville, au lieu que sa prise n’influoit point sur celle de la place. Quoi qu’il en soit, ce mont Joui dura le double de ce qu’on avoit cru, consuma beaucoup de nos munitions et coûta bien d’honnêtes gens, et Laparat même, qui y fut tué et qui fut mal remplacé. Les troupes qui faisoient le siège étoient peu nombreuses ; leur fatigue étoit continuelle ; il n’y avoit de repos que de trois nuits l’une, et fort souvent beaucoup moins. Les petits combats y étoient continuels avec les miquelets qui troubloient les convois, et qui assiégeoient tellement les assiégeants qu’il n’y avoit pas de sûreté à cent pas du camp, qui étoit exposé à des alarmes continuelles. Nuls rafraîchissements de France ni d’Espagne, tout à l’étroit pour tout. Les sorties étoient très fortes. Les habitants y secondoient la garnison, les moines étoient armés, et combattoient comme contre des Turcs et des hérétiques. Pendant ces sorties, le camp étoit attaqué par dehors, et c’étoit tout ce que les assiégeants pouvoient faire que de soutenir ces doubles attaques à la fois, par la vigueur des assiégés et le nombre et l’importunité des miquelets.

  • Asesinado el conceller en cap en el campanario de la catedral por querer impedir un asalto popular contra los sitiadores borbónicos; el papel de las mujeres aquel día

    En est dia, á lo que debian ser tocadas las 7 del matí, alguns fills de perdició e instigats del sperit maligne, continuant son depravat obrar, y procurant commourer lo poble, y abent trobat lo Excm. senyor Conceller VI en la riera de sant Juan, lo feren seguir en la present Casa fent que prengués lo Estandart ó Pendó de santa Eularia, y quel pujás á Monjuich, com en efecte, per evitar tots disturbis, dit senyor Conseller prengué dit Estandart, lo qual per dita gent alterada se li entregá, y habentse feta la mateixa acció en la Casa de la Diputació, feren seguir un Consistorial ab lo Estandart ó Pendó dit de sant Jordi, y los conduhiren á Monjuich, y arribats allí, quedantse dit Pendó de sant Jordi, se quedá al mitx del camí de las líneas de comunicació, y lo de santa Eularia fonch enarbolat y posat en la muralla de la fortaleza ahont estigué fins á la tarde, que com millor se pogué se escondí ab lo pretext de serse troncada la asta de aquell, y amagadament sen baixá dit senyor Conceller junt ab dit Estandart, tornant aquella en la present Casa, habent precehit que estant dit Estandart enarbolat en dita fortaleza, se doná per los naturals que anaben ab dit Estandart, se envestí á cos descubert al enemich, en la qual envestida foren moris y nafrats molts de una y altre part.

    E aprés de haber succehit axó, á lo que debian ser cerca de las 9 se ohí tocar á rebato en la Catedral y altres parts, lo que ohit per lo Excm. Consistorí, desitjant y procurant la major quietut, se resolgué lo fer cessar lo tocar ditas Campanas, se feren varias y diferents diligencias, y ohint que no obstant aquellas, la Campana de las horas y lo Thomas continuaban en tocar, lo Excm. senyor Conceller en Cap, associat de 4 Caballers y Ciutadans, sen aná de la present Casa á la Catedral, y puja en lo campanar, ahont se tocan las campanas, y al que fonch al cap de munt de la escala ó caragol, trobá alguns minyons que tocaban dit Thomas, y habentlos ne fet deixar, aparegueren alguns fills de perdició, qui instigats del esperit maligno, ab grans crits digueren que la Campana habia de tocar, y replicant dit senyor Conceller en Cap dient, no habia de tocar tant per ser orde de S. M. com per convenir á la quietut pública, no duptá un de dits fills de perdició poch tement á Deu, tirar y disparar un tir de pistola á dit Conceller en Cap, del qual restá ferit en lo bras dret passantli á la mamella, de la cual ferida en breu temps morí, cujus anima requiescat in pace. Amen. (Dietario de la ciudad).

  • Cae Montjuic a los borbónicos, muriendo su ingeniero en jefe

    Tessé envoya son fils porter la nouvelle que les ennemis avoient le 25 avril abandonné le mont Joui, lequel en fut fait maréchal de camp. La garnison sortit ensemble en plein jour, et entra dans Barcelone sans presque aucune perte.

  • Las tropas aliadas entran en la ciudad, supuestamente desembarcando en barcas de pescadores

    Le soir même du jour que le roi avoit appris à son réveil la cruelle nouvelle de la bataille de Ramillies, M. le comte de Toulouse arriva à Versailles, et fut trouver le roi chez Mme de Maintenon, où il demeura fort longtemps avec lui, ayant laissé le maréchal de Cœuvres pour quelques jours encore à Toulon. Il s’étoit tenu mouillé devant Barcelone jusqu’au 8 mai. Les frégates d’avis qu’il avoit envoyées aux nouvelles de la flotte ennemie lui rapportèrent qu’elle approchoit, forte au moins de quarante-cinq vaisseaux de guerre. Notre amiral, grâce aux bons soins de Pontchartrain, n’en avoit pas une bastante pour les attendre. Lui et le maréchal de Coeuvres eurent, avant partir, une longue conférence avec le maréchal de Tessé et Puységur, et tout au soir levèrent les ancres. Ils rentrèrent le 11 mai à Toulon.

    Le départ de notre flotte et l’arrivée de celle des ennemis à Barcelone y changea fort la face de toutes les choses. Les assiégés reprirent une vigueur nouvelle, les assiégeants rencontrèrent toutes sortes de nouveaux obstacles. Tessé, voyant l’impossibilité de continuer le siège et toute la difficulté de la retraite en le levant, persuada au roi d’Espagne de faire entrer le duc de Noailles dans toutes les délibérations qu’il avoit à prendre là-dessus. Noailles étoit tout nouveau maréchal de camp. Il n’avoit jamais fait quatre campagnes ; sa longue maladie l’avoit retenu les étés à la cour, et la petite vérole dont il avoit été attaqué en arrivant devant Barcelone, et de laquelle il ne faisoit que sortir, l’avoit empêché de servir de maréchal de camp à ce siège, et assez longtemps même de savoir ce qu’il s’y passoit, mais il étoit neveu de Mme de Maintenon, et comme tel bon garant pour Tessé. Tous les embarras où l’on étoit furent donc discutés en sa présence. Il se trouva que les ingénieurs étoient si lents et si ignorants, qu’il n’y avoit aucun fond à faire sur eux, et que par la vénalité que le roi avoit mise dans l’artillerie depuis quelque temps, comme je l’ai dit en son lieu, non seulement ces officiers vénaux n’y entendoient rien du tout, mais avoient perdu sans cesse en ce siège, et perdoient encore tout leur temps à remuer inutilement leur artillerie, et à placer mal leurs batteries, pour se mettre dans la nécessité de les changer, parce que de ces mouvements de canon résultoit un droit pécuniaire qu’ils étoient bien aises de multiplier. L’armée assiégée par dehors, et depuis longtemps uniquement nourrie par la mer, n’avoit plus cette ressource depuis la retraite de notre flotte et l’arrivée de celle des Anglois, et nulle autre d’ailleurs pour la subsistance journalière. Toutes ces raisons persuadèrent enfin le roi d’Espagne de la nécessité de lever le siège, quelque résistance qu’il y eût apportée jusqu’alors.